Alors que ma série de portraits en Picardie s’achève, j’avais envie de vous montrer l’envers du décor sur 3 photos qui en sont issues. Chaque portrait réalisé a nécessité entre 1h et 2h de travail. Je tiens à vous rassurer tout de suite, je ne passe pas autant de temps sur chacune des photos que je publie en ligne ou que je post-traite à titre personnel. Certaines de mes photos parmi les plus likées sur les réseaux m’ont nécessité à peine 5 à 15 min de travail. Alors pourquoi passer autant de temps sur ces portraits ?

Entraînement à la retouche beauté

Sur ces premiers portraits je voulais aller plus loin que les basiques réglages que j’avais pu faire jusqu’à présent : contrastes, netteté, correction de petits défauts (bouton, tâches etc…). J’avais à coeur de m’exercer à mettre en application des techniques issues de la retouche beauté et que j’ai appris ces derniers mois.

Mon procédé

Je continue à faire mes retouches de base puis j’utilise une technique que l’on appelle le spit frequency afin d’agir plus finement : les cernes sont particulièrement dans ma ligne de mire. Plus le modèle est jeune et évidemment moins il y a faire mais nous ne sommes pas tous égaux face à cela. S’il y a lieu, j’uniformise la couleur de la peau. Par exemple, si les pommettes ont des rougeurs. Ensuite je travaille sur les yeux. Il est important pour moi qu’ils soient bien mis en valeur. Je renforce notamment leur contraste. Je finis par une autre technique, le dodge and burn. Pour simplifier je renforce ou je rajoute des ombres ou j’ éclaircis d’autres zones du visage. C’est la vraie partie que je “fabrique” réellement. Cela permet de sculpter le modèle pour un rendu plus artistique. Permettez-moi de commenter les 3 exemples que je vous propose aujourd’hui.

Ilda : le classique

Le portrait de Ilda est un bon exemple de mes retouches habituelles. Cela correspond bien à ce que je vous ai décrit plus tôt : réduction des cernes, des rides autour des yeux et ajout de brillant et de l’ombre pour sculpter les cheveux.

Stella : maquillage et détail gênant

Voici un modèle qui était maquillée donc, il y avait sur Stella moins de travail sur la peau. J’ai procédé à un gommage des cernes tout de même, sculpter un peu le visage avec l’ajout d’ombre. La retouche la plus importante étant l’effacement complet du logo de son t-shirt qui détournait le regard de son visage.

Anthony : l’exception qui confirme la règle

Ici, plutôt que de réduire les irrégularités du visage, je les ai au contraire renforcées. J’ai aussi voulu aller plus loin sur le portrait d’Anthony. J’avais en tête un portrait de Simone Veil que j’avais posté au moment de sa mort. C’était en noir et blanc donc et ses taches de rousseur étaient très accentuées. On le voit mal sur la photo d’origine mais le modèle a des taches de rousseur assez claires. Je les ai donc exagérément renforcées en jouant sur les courbes de contraste ciblées sur certaines teintes combinées avec la technique du dodge and burn.

Triche ou vrai travail photographique ?

Je vous laisse juge mais sachez que toutes les images professionnelles qui vous entourent sont retouchées et souvent bien plus que cela. Oui chers magazines féminins je parle de vous. Si l’avènement de Photoshop a mené à bien des dérives, le développement a toujours fait partie de l’histoire de la photographie. Du temps de l’argentique déjà, on savait réaliser des effets similaires sur les taches de rousseurs. Bien sûr, lorsque l’on passe dans un studio photo, moultes techniques permettent aussi de sculpter la lumière.
Pour ma part, outre le besoin de m’exercer je vois dans ces portraits une façon pour les modèles d’avoir un regard nouveau sur leur image et qui ne soit pas un enième filtre Instagram ou Snapchat. Au fond, nous aussi nous le valons bien !