Okonomiyaki (Argentique)
Okonomiyaki (Argentique)
Le dôme de Genbaku (Argentique)
Ecoliers près du dôme de Genbaku (Argentique)
Parc du Mémorial de la Paix (Argentique)
Parc du Mémorial de la Paix (Argentique)
Ecoliers d'Osaka (Argentique)

Lors de mon premier voyage au Japon j’ai fait la connaissance de Kaori. Nous étions à Tokyo et elle sortait avec son amie Shihoko d’un “kimono show”. Lorsque je les ai vus ainsi apprêtées dans leurs kimonos, je n’ai pas pu résister à l’envie de leur faire un portrait avec mon APN. Ce qu’elles ont gentiment accepté.

Comme elles parlaient un peu anglais, on a pu discuter. De voyage, de la France : “BERSAILLOU !” disait l’une d’entre elles, “hein ?! What ?! AHH, Versailles !”, et forcément du Japon.
Kaori révèle qu’elle est originaire d’Hiroshima. C’est alors qu’elle dit avec cet enthousiasme tout japonais: “Oh ! Il faut vraiment que vous alliez à Hiroshima !”. Malheureusement je savais que j’allais manquer de temps mais je lui ai promis que j’irai lors d’un autre voyage. J’ai pu tenir parole fin 2019.

Kaori & Shihoko © Cristina Bautista Carmona

Alors qu’on inclut sans sourciller Tokyo et Kyôto pour une première visite touristique au Japon, on n’a pas nécessairement le même reflex pour Hiroshima. Pourtant son nom est connu de tous, mais il faut le dire, pour de sinistres raisons. Avec Nagasaki, la ville fut la cible de bombardements atomiques américains au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1945, l’explosion rase instantanément la ville. Sur les 90 000 bâtiments de la ville, 62 000 sont totalement détruits. 75 000 personnes meurent sur le coup et le nombre total de victimes est estimé à 250 000.

Toutefois, lorsqu’on débarque à Hiroshima, on arrive dans une grande ville japonaise comme il y en a beaucoup avec de grandes infrastructures modernes, un château (reconstruit à l’identique en 1958) et des jardins soignés dont celui du Shukkei-en. Aussi, difficile de parler d’Hiroshima sans évoquer sa gastromonie et ses okonomiyakis ! C’est une sorte de crêpe de nouilles accompagnées de la succulente sauce okonomi qui lui donne son nom. Un peu comme à Osaka mais différente dans la façon de disposer la garniture. Kaori, qui vit depuis en Nouvelle-Zélande, m’a indiqué ceux de la gare comme étant les meilleurs de la ville ! Quoi qu’il en soit si vous tentez l’expérience, ne prévoyez aucun repas trois jours avant car c’est tout aussi bon que bourratif.

Hiroshima donne une image de jeunesse, en comparaison avec le reste du Japon qui est un pays peuplé de têtes grises. Je ne sais pas si c’est réellement le cas démographiquement mais indéniablement la présence de nombreux groupes scolaires venant visiter le Mémorial de la paix et son musée y sont sûrement pour quelque chose. En chemin, on croise l’emblématique dôme de Genbaku, un des rares bâtiments ayant survécu à la bombe.

Un groupe de scolaires originaire d’Osaka vient à notre rencontre accompagné de leur Sensei (leur professeur). Timidement et d’un anglais mal assuré, une élève nous demande s’ils peuvent nous poser des questions. On sent le passage obligé de tout écolier japonais en visite dans la ville : la réalisation d’une enquête sur Hiroshima auprès des visiteurs étrangers. Je ne me souviens pas en détail de toutes les questions mais je me souviens bien de la dernière : “Avez-vous un message pour la paix à donner ?”.

Je ne ferai pas tout l’étalage de ma visite au musée de la paix qui met en avant le point de vue Japonais et ça fait du bien car dans nos contrées les discours et les livres nous ressassent ce bombardement comme une absolue nécessité. Je dois dire que rarement un endroit m’aura autant bouleversée, particulièrement la partie consacrée aux dessins des témoins et victimes de la bombe. Je me dis que tout être humain devrait le visiter un jour dans sa vie et en particulier les politiciens de tous horizons.

Aux écoliers, dans un élan d’angélisme j’ai répondu un truc dans ce genre : “Vous êtes le meilleur message de paix, puisque vous les enfants vous êtes le futur et vous êtes ici pour apprendre, comprendre, et espérer de meilleures actions pour demain.” En remerciement pour le temps que j’avais consacré à leur enquête, les élèves d’Osaka me remettent alors une carte avec leur message pour la paix.

Depuis, je garde comme une amulette le message d’Hiroshima.

Thank you for the peace message. We all wish for world peace. Peace begins with a smile. Juei elementary school in Osaka.
« La paix commence par un sourire. »